5. Homme et femme, à l’image de Dieu !
Augustin comme Thomas d’Aquin voient l’image de Dieu dans l’homme dans les capacités de l’âme humaine, est-ce que la Bible apporte un autre éclairage ? Comment peut-on comprendre, alors ce que veut dire « image de Dieu » dans le contexte du livre de la Genèse ?
Plusieurs éléments doivent être pris en compte quand on lit cette expression, et ça vaut la peine de la lire dans son contexte général, les premiers chapitres du livre de la Genèse (chapitres 1 à 5). On va vous faire une lecture éclair.
2 récits de la Création
D'abord, dans Genèse 1 et 2, il y a deux récits de la création de l'homme :
(a) Premier en Genèse 1, 26-28
L’homme est créé par Dieu « à l'image (tselem) et comme à la ressemblance de Dieu ».
Le texte biblique insiste, répète le mot tselem, image, trois fois. Le verset 27 dit trois fois presque la même chose : il crée (barah) l'humain (adam) à son image, il le dit une deuxième fois , mais la troisième fois, ce n'est plus adam, l'humain, qui est créé, mais l'homme et la femme, le mâle (zakhar) et la femelle (n(e)qéva).
L'image de Dieu dans l'être humain à quelque chose à voir avec la différence sexuelle telle qu’elle s’inscrit dans le corps.
(b) 2e récit en Genèse 2, 18.21-24.
Dieu cherche une aide pour l'adam qu'il a créé et à qui il confie la terre. Aucun des animaux ne convient, mais la femme qu'il tire du côté d'Adam lui va. La femme tirée de l'homme est différente des animaux (au cas où on aurait besoin de le rappeler).
Alors, il s'écrie : « c'est l'os de mes os, la chair de ma chair ». Expressions qui désignent plus qu'une ressemblance ou qu'un lien entre les deux : ils sont de même nature, de même chair (bashar). D'ailleurs, le nom que Adam donne aussitôt à la femme dit la même chose : Ishah, la femme, vient de Ish, l'homme. Ça ne dit pas la supériorité de l'homme sur la femme, ça dit que tous deux sont de la même nature, différents de tous les animaux.
Ils sont donc deux : 2 noms différents, deux corps distincts, et comme ils sont tout nus, on voit la différence : 2 sexes différents. Mais ils sont en même temps de même nature, et leur vocation est d'être unis : devenir une seule chair (bashar)
Le couple humain : donner la vie
Ils sont deux personnes, mais ils ont la même chair et les mêmes os, ils ont la même nature, et ils sont appelés à s'unir. Or, l'union entre l'homme et la femme, c'est précisément ce qui engendre la vie, et ce n’est pas anodin pour notre question.
En Genèse 3, 16-19, Dieu chasse le couple humain du paradis, il leur annonce qu'ils vont mourir et dit à la femme que son désir va la pousser vers son mari et qu'elle enfantera dans la douleur. Au verset 20, Adam donne un nouveau nom à sa femme : elle n'est plus seulement Ishah, femme, elle est Ève, la vivante « car elle fut la mère de tous les vivants ». Par l'union sexuelle entre l'homme et sa femme, la vie humaine va pouvoir continuer sur la terre, malgré la mort qui frappe les pécheurs.
Un peu plus loin, en Genèse 5, 1-3, il y a comme la conclusion de toute cette histoire. Genèse 5, 1-2 rappelle ce que l'on a déjà vu au chapitre 1, création de l'homme et de la femme à la ressemblance de Dieu. Genèse 5, 3 : tout de suite après, au verset 3, c'est Seth, le fils d'Adam et Eve, qui est « à l'image et à la ressemblance » d'Adam. Ce que Dieu fait par voie de création, l'humain le fait par voie d'enfantement.
Ce n’est pas anodin que l’expression soit utilisée pour Adam, au moment où il devient père. Depuis le début de la Genèse, Dieu crée et donne la vie à ses créatures : le livre de la Genèse parle sans cesse de la création comme l’apparition et de la multiplication de la vie, sous toutes ses formes. C'est comme s'il y avait un partage de de compétence de Dieu à l'homme : l'image de Dieu dans l'être humain, c'est sa capacité à donner la vie.
Le récit de la Genèse mérite d'être lu dans son ensemble. On retiendra :
- L'image de Dieu en l'homme distingue cette créature de toutes les autres.
- Cette image et cette ressemblance a quelque chose à voir avec la complémentarité sexuelle homme/femme, dans sa capacité à donner la vie, à engendrer une nouvelle vie humaine.
frère Jean-Marie Gueullette
Titulaire d'un doctorat en médecine et d'un doctorat en théologie catholique, frère Jean-Marie Gueullette a obtenu l'habilitation à diriger les recherches en histoire moderne. En 2020 au couvent du Saint-Nom-de-Jésus à Lyon, il enseigne la théologie morale à l'Université Catholique de Lyon.
frère Grégoire Laurent-Huyghues-Beaufond
En 2021, frère Grégoire Laurent-Huyghues-Beaufond vit au couvent de La Tourette. Frère Grégoire est l’auteur du recueil de poésie Chambre avec vues (éditions Cheyne) et de Le Livre et le Désir, éditions du Cerf, 2020.
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